Face aux pénuries de main-d’œuvre et aux défis des transitions verte et numérique, la Commission européenne lance l’« Union des compétences », une stratégie ambitieuse pour former, attirer et retenir les talents à l’échelle du continent.
L’Europe est confrontée à une pénurie croissante de compétences, notamment dans les secteurs clés des transitions numérique et écologique. Selon les données de la Commission, environ 40 % des employeurs peinent à recruter des profils adaptés, tandis que 20 % des Européens éprouvent des difficultés en lecture et en écriture, et que près de la moitié des jeunes manquent de compétences numériques de base.
Cette situation est exacerbée par des disparités régionales, des obstacles à la mobilité des travailleurs et une reconnaissance insuffisante des qualifications, entravant ainsi la libre circulation des talents au sein du marché unique.
L’« Union des compétences » repose sur quatre piliers interdépendants :
Renforcer les compétences pour des emplois de qualité : améliorer les compétences de base (lecture, mathématiques, sciences, numérique) dès l’école et tout au long de la vie, en mettant l’accent sur l’inclusion et l’égalité des chances.
Favoriser la montée en compétences et la reconversion : offrir des opportunités d’apprentissage continu pour permettre aux travailleurs de s’adapter aux évolutions du marché du travail, notamment dans les domaines du numérique et de la transition écologique.
Faciliter la mobilité des compétences : harmoniser la reconnaissance des qualifications et des compétences à travers l’UE pour permettre une meilleure adéquation entre l’offre et la demande de travail.
Attirer, développer et retenir les talents : mettre en place des politiques incitatives pour faire de l’UE une destination attractive pour les talents mondiaux, tout en valorisant les compétences locales.
Parmi les mesures phares de cette stratégie figurent :
Le lancement d’un plan d’action sur les compétences de base, visant à améliorer l’enseignement et l’apprentissage des compétences fondamentales à tous les niveaux d’éducation.
La mise en œuvre d’un plan stratégique pour l’éducation STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques), afin de renforcer les compétences dans ces domaines cruciaux pour l’innovation et la compétitivité.
Le développement d’un cadre européen pour la portabilité des compétences, facilitant la reconnaissance des qualifications et des expériences professionnelles à travers les États membres.
La création d’un observatoire européen des compétences, fournissant des données actualisées sur les besoins en compétences et les tendances du marché du travail pour orienter les politiques publiques.
La réussite de l’« Union des compétences » repose sur une coopération étroite entre les institutions européennes, les États membres, les partenaires sociaux, les établissements d’enseignement et les entreprises. La Commission prévoit d’intégrer cette initiative dans le semestre européen, afin de garantir un suivi régulier et une coordination efficace des politiques en matière de compétences.
Des financements seront mobilisés à travers divers instruments européens, tels que le Fonds social européen Plus (FSE+), Erasmus+, le Fonds pour une transition juste et InvestEU, pour soutenir les investissements dans l’éducation, la formation et le développement des compétences.
L’« Union des compétences » incarne une vision ambitieuse pour l’Europe : celle d’un continent où chaque individu a la possibilité de développer ses compétences, de s’adapter aux mutations économiques et technologiques, et de contribuer activement à une société plus inclusive et résiliente.
En investissant dans le capital humain, l’UE entend renforcer sa souveraineté économique, stimuler l’innovation et assurer une croissance durable, tout en préservant son modèle social unique.