Le rapport "Panorama de la Société 2024" de l’OCDE offre une analyse détaillée des évolutions sociales, démographiques et économiques dans ses 38 pays membres. Cette édition met particulièrement l’accent sur la baisse des taux de fécondité et ses implications.
La fécondité dans la zone OCDE a connu une chute marquée, passant de 3,3 enfants par femme en 1960 à 1,5 en 2022, bien en dessous du seuil de renouvellement des générations fixé à 2,1 enfants par femme. Cette baisse s’accompagne d’un report significatif de l’âge moyen des mères, qui atteint désormais 30 ans, contre 26,5 ans en 2000. Les tendances varient selon les pays : Israël affiche le taux le plus élevé (2,9 enfants par femme), tandis que la Corée du Sud, l’Italie et l’Espagne enregistrent des records historiquement bas, avec respectivement 0,7 et 1,2 enfant par femme.
Les causes de cette baisse sont multiples. L’augmentation du coût de la vie, notamment pour le logement et l’éducation, constitue une barrière majeure. Par ailleurs, les rôles de genre ont évolué, avec une autonomie économique croissante des femmes. Cela engendre un coût d’opportunité élevé pour celles qui choisissent de devenir mères. L’incertitude économique et sociale, amplifiée par des crises comme la pandémie de COVID-19, a également contribué à dissuader les jeunes générations de fonder une famille.
Les politiques publiques jouent un rôle crucial dans cette dynamique. De nombreux pays investissent dans des congés parentaux rémunérés et des infrastructures d’accueil pour enfants, représentant jusqu’à 3 % du PIB dans des pays comme la France et les nations nordiques. Ces initiatives ont permis d’atténuer la baisse de la fécondité dans certains cas, mais elles ne suffisent pas à inverser durablement la tendance. Les experts soulignent que des politiques axées sur la promotion de l’égalité des genres et une meilleure conciliation entre vie professionnelle et familiale pourraient offrir des solutions plus efficaces.
La baisse des taux de fécondité a des répercussions profondes sur les économies et les sociétés. La diminution de la population active freine la croissance économique et accentue les pressions sur les systèmes de retraite et de santé. À partir de 2035, le nombre de décès devrait surpasser celui des naissances dans la zone OCDE, marquant un tournant démographique critique.
Pour relever ces défis, le rapport recommande plusieurs axes d’action. Il est essentiel de favoriser l’immigration et d’intégrer les groupes sous-représentés dans la population active. En parallèle, les gouvernements doivent investir dans la productivité et la formation continue pour compenser la baisse de la main-d’œuvre. Enfin, des politiques familiales inclusives, axées sur la réduction des coûts liés à la parentalité, pourraient encourager les jeunes générations à envisager la parentalité plus sereinement.
Le rapport Panorama de la Société 2024 souligne l’urgence de repenser les politiques sociales et économiques pour s’adapter à une société en pleine mutation démographique. L’enjeu est de taille : il s’agit de garantir la résilience des sociétés face aux défis économiques et sociaux à venir, tout en préservant un équilibre entre croissance, inclusion et qualité de vie.
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