Entre restructurations massives et opportunités pour combler le déficit de talents IT en Europe
Une vague de licenciements qui secoue le secteur
Le secteur des technologies des ressources humaines (HR Tech) est confronté à une vague de licenciements significative, reflétant une tendance plus large dans l'industrie technologique.
Le 5 février 2025, Workday, un leader dans les solutions cloud pour la gestion financière et des ressources humaines, a annoncé la suppression de près de 2 000 postes, soit environ 10 % de ses effectifs. Cette décision s'inscrit dans un contexte de restructuration visant à optimiser les opérations et à réduire les coûts face à un environnement économique incertain.
Un phénomène global qui touche les géants de la tech
Cette annonce de Workday s'ajoute à une série de licenciements dans le secteur technologique au cours des dernières années. En 2023, plus de 260 000 employés ont été licenciés dans l'industrie technologique, selon les données de layoffs.fyi, une start-up qui suit les annonces de licenciements des entreprises technologiques.
Cette tendance s'est poursuivie en 2024, avec des entreprises telles que Google, Amazon, Intel et Meta procédant à des réductions d'effectifs significatives. Par exemple, Intel a annoncé le départ de 15 000 salariés, soit 15 % de ses effectifs, tandis qu'Amazon a poursuivi sa restructuration avec des centaines de postes supprimés.
Les causes d’un effondrement de l’emploi dans la HR Tech
Plusieurs facteurs expliquent cette vague de licenciements dans la HR Tech et le secteur technologique en général :
- Le ralentissement économique mondial : il a conduit les entreprises à adopter des mesures de réduction des coûts, y compris des suppressions d'emplois.
- Un effet de correction après une forte expansion : après une période d’embauches massives, de nombreuses entreprises technologiques se retrouvent en situation de sureffectif.
- L'évolution rapide des technologies : l’automatisation et l’intelligence artificielle réduisent la dépendance à la main-d’œuvre humaine pour certaines fonctions.
Télétravail : une cible privilégiée des licenciements
Les employés en télétravail semblent particulièrement vulnérables lors de ces réductions d'effectifs. Aux États-Unis, depuis la fin de la crise sanitaire, les licenciements dans le secteur du high-tech se concentrent notamment sur les employés en télétravail, qui ont 35 % plus de chances d’être licenciés par rapport à leurs homologues présents au bureau.
Les entreprises privilégient souvent les employés physiquement présents, ce qui limite les promotions et la sécurité d’emploi de ceux travaillant à domicile.
Une tendance qui touche aussi l’Europe
En Europe, le secteur technologique a également connu une vague de licenciements significative. Selon Layoffs.fyi, plus de 13 000 licenciements ont été recensés en janvier 2024, bien que ce chiffre soit inférieur aux mois précédents.
En 2023, plus de 260 000 travailleurs de la tech ont perdu leur emploi dans le monde, une tendance qui s’est poursuivie en 2024. Par exemple :
- Booking.com, basé aux Pays-Bas, a licencié 4 375 employés, soit environ un quart de son effectif.
- Les entreprises allemandes Gorillas et Delivery Hero ont respectivement supprimé 840 et 400 postes, illustrant l’ampleur des difficultés du secteur.
Des segments de la HR Tech qui résistent
Malgré ces défis, certains segments de la HR Tech continuent de prospérer. Les solutions basées sur l’intelligence artificielle pour le recrutement, la gestion des performances et l’engagement des employés gagnent en popularité.
Les entreprises cherchent à améliorer l’efficacité de leurs processus RH et à offrir une meilleure expérience aux employés, ce qui stimule la demande pour des technologies innovantes.
Une opportunité pour combler le déficit de talents IT
Paradoxalement, cette vague de licenciements pourrait contribuer à résorber le déficit de profils informatiques, un problème majeur dans certains pays comme le Luxembourg.
Selon les dernières données d'Eurostat, 57,5 % des entreprises de l'Union européenne ne parviennent pas à recruter tous les profils adéquats. Au Luxembourg, la difficulté est encore plus grande, avec 65 % des entreprises confrontées à ce problème.
Cette pénurie est particulièrement marquée dans les grandes entreprises de plus de 250 employés, où 75 % d’entre elles peinent à combler leurs besoins en profils TIC.
Une redistribution des talents bénéfique au Luxembourg
La libération de talents qualifiés sur le marché du travail pourrait permettre aux entreprises en manque de compétences technologiques de recruter plus facilement.
Le Luxembourg, confronté à une pénurie chronique de professionnels de l’informatique, pourrait ainsi bénéficier de cette redistribution des compétences à l’échelle internationale.
Les entreprises locales pourraient tirer parti de cette situation pour renforcer leurs équipes techniques, accélérer leur transformation numérique et améliorer leur compétitivité. Cette dynamique offre également aux professionnels licenciés des opportunités de carrière dans des régions où leurs compétences sont fortement demandées, favorisant ainsi une meilleure allocation des ressources humaines à l’échelle mondiale.